Voir le lagon souillé avec des hydrocarbures venant du MV Wakashio n’était pas suffisant, voilà que les poissons et les fruits de mer de la région de Mahébourg à Trou-d’Eau-Douce sont impropres à la consommation et ne doivent pas être commercialisés. C’est ce qu’indique un communiqué émanant du ministère de la Pêche, mardi. Depuis le 14 août, des prélèvements ont été effectués sur les poissons dans des régions affectées par le centre de recherches d’Albion. Elles sont : Pointe-d’Esny, Deux-Frères, Bambous-Virieux, Grande-Rivière-Sud-Est, Blue-Bay, Trou-d’Eau-Douce et Palmar. Quantilab Ltd a effec- tué des analyses de métaux lourds, de Total Hydrocarbons (HCT) et Polycyclic Aromatic Hydrocarbons (PAH) sur différentes espèces de poissons.
Selon les résultats des tests, la présence de l’hydrocarbure a été détectée uniquement sur les poissons collectés les 14 et 15 août à Pointe-d’Esny et Deux-Frères. L’hydrocarbure et le PAH ont aussi été détectés dans les fruits de mer, collectés le 24 août à Mahébourg. Pour les opérateurs du Sud-Est, c’est une autre douche froide. Antonio, pêcheur d’ourites de Bois-des-Amourettes, affirme que l’interdiction de pêche l’affecte beaucoup. «Tou pirog a ter. Ziska Desam pu alé koumsa la. Ena dimounn ti pe dir nou gard nou pwason ki li kordonie, milet, vyel rouz.»
Selon lui, les poissons ont été très affectés par la marée noire. Du côté de Mahébourg, Laval Vardapanaiken, pêcheur depuis 50 ans, regarde l’ave- nir d’un air sombre. Selon lui, beaucoup de poissons continuent d’être affectés par l’huile, sur la côte de Rivièredes-Créoles à Grand-Port. «Cela va prendre beaucoup de temps pour que les pêcheurs recommencent à travailler.» Pour Mikael, un pêcheur de Trou-d’Eau-Douce, même si la région de l’Est-Sud-Est est interdite pour toute activité de pêche, il pense que c’est une bonne décision, même s’il est endetté. «Si une personne consomme du poisson contaminé et meurt ? La priorité, c’est la santé, même si nous sommes endettés.» Ce pêcheur à la senne explique que pendant cette période, il travaille de 6 heures à 18 heures. «On bosse pour payer nos dettes, pour réparer notre pirogue ou pour acheter des filets. On ne peut plus travailler.» Et cette situation dure depuis mars alors que le pays était en confinement, soutient le pêcheur de Trou-d’Eau-Douce. Si «gagn kas zis pou manze», l’interdiction de pêche affecte le moral des pêcheurs, aussi, qui est très bas.
Pour Jossica Nobin de Bois-des-Amourettes, ce sont les poissons mulets, bretons, qui sont les plus affectés par l’huile qui se trouve à la surface de la mer. Ceux comme la corne sont pêchés à une profondeur de 12 à 15 mètres. «Pa tou pwason ki afeckté, lezot kapav konsome, kav lapes.» Cette interdiction de consommer affecte d’autres opérateurs surtout les restaurants dont la spécialité est les fruits de mer. «Nou pa kont, mé ki pou donn kliyan manzé?» demande Gilda Donald, du restaurant chez Gilda à Trou-d’Eau-Douce. Depuis qu’elle est au courant que le poisson est toxique dans la région, elle sait que son business sera de plus en plus affecté car, tant les touristes que les Mauriciens recherchent du poisson. Songe-telle à revoir sa carte ? «Pour vendre quoi ? Du poulet et de la viande ? D’autres restaurants le font déjà.» La spécialité de son restaurant est les fruits de mer à toutes les sauces et le poisson gril- lé. «C’est ce que les clients recherchent.» À Mahébourg, ceux qui se raffolent de mangouak devront repasser. Ce fruit de mer ne figurera plus sur les cartes des restaurants de la région pendant un bon moment. «Nou pa pe kapav servi menu la mem pou linstan», confie un propriétaire de restaurant. S’il affirme que les mangouak, il les trouvait à Rivière-des-Créoles, il ne veut pas prendre de risque.
Quant aux autres fruits de mer, il affirme qu’il a toujours privilégié l’importation. Pour les poissons, le propriétaire compte utiliser ceux de St.- Brandon. Du côté d’une maison d’hôte de Pointe-d’Esny, l’on affirme être aussi affecté. «Depuis cette catastrophe, nous ne consommons pas le poisson. Nous favorisons l’achat et la consommation des produits locaux de la région. Nous avons des fournisseurs réguliers. Les pêcheurs ne viennent plus proposer leurs produits. » Un autre propriétaire, qui propose du poisson pêché en pleine mer, se dit pas trop affecté car c’est encore possible de le faire. Quant aux autres fruits de mer, il explique que les fournisseurs pêchent en de- hors du lagon. À noter qu’aucune trace d’hydrocarbure n’a été détectée dans les prélèvements de poissons dans les régions de Riambel, Baie-du-Cap, Belle-Mare, Le Morne, Poudre-d’Or, Melville, Pointe-aux-Cannoniers, Grand-Baie, Cap-Malheureux, Pointe-des-Lascars, St-Felix, Souillac, St-Martin et Albion. Le ministère de la Pêche indique que les poissons de ces régions sont propres à la consommation.
September 10, 2020 at 01:00PM
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Antonio, pêcheur d’ourites: «Tou pirog a ter. Ziska Desam pu alé koumsa la…» - L'express Maurice
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